Transport : Des moto-taxis toujours en activité à Abobo.

Dans un communiqué en date du jeudi 2 mai 2019, le Ministre des Transports, Amadou Touré avait invité tous les propriétaires et conducteurs de moto-taxis, dans le District d’Abidjan, à procéder à l’arrêt immédiat de leur activité. Six mois après cette décision, nous nous sommes rendus dans la commune d’Abobo, précisément dans le quartier de N’Dotré. Là, nous sommes tombés sur des moto-taxis toujours en activité.




Il est 08h40 ce mercredi 20 novembre 2019 lorsque nous arrivons au grand carrefour de N’Dotré, bondé de monde. Voitures, motos, tricycles, cyclistes, brouettes et piétons donnent un concert gratuit, assez désagréable pour les oreilles. Il nous a fallu dix minutes pour traverser ce grand carrefour car n’étant pas doté de feux tricolores. Les automobilistes ne jetant aucun regard sur les piétons, pas de ralentissement pour permettre une quelconque traversée à pied. Les plus téméraires défient les véhicules. Nous nous joignons à eux et traversons en courant cette voie.





Direction la gare de N’Dotré, située à 100 m de la « Pharmacie du grand carrefour de N’Dotré ». La gare se trouve entre un commerce de sable et gravier, un enclos de bœufs, des bambous à perte de vue et des gros camions de transport en stationnement.

Nous sommes accueillis par des héleurs. « C’est où ? Madame vous allez où ? Je suis prêt, faut monter, on s’en va ».

Il est 09h00. Nous nous approchons d’un des chauffeurs de moto-taxi, en chemise pagne multicolore et pantalon jean gris. Il nous paraît sympathique, on embarque. Destination, « Colatier » un sous-quartier de N’Dotré. Etant sur la moto, nous engageons la causerie avec son conducteur. Il se livre sans garde-fou, tout y passe.
« Cela fait environ 6 ans que nous sommes ici. Nous avons des syndicats qui nous protègent et nous leur donnons 750 FCFA par jour. Nous sommes plus de 30 sur cette ligne. Lorsque, tu gares ta moto, tu dois payer les 750 FCFA, même si tu n’as pas encore eu de clients. Avant de rouler ici nous payons un droit qui s’élève à 10.000 FCFA aux syndicats comme droit de ligne » dit-il.

Qu’en est-il donc du communiqué interdisant cette activité ? « Nous n’avons pas de problème. Ni avec la mairie, ni avec les policiers. Nous allons partout dans le quartier » avoue-t-il, profitant pour nous donner le tarif à payer pour chaque destination : « Au Colatier, le transport est 500 FCFA, Trainou 1000 FCFA, Malibert de Petit Akoupé c’est 1500 FCFA (…) ».

Notre interlocuteur n’est pas avare en mots. Il nous parle de ses horaires de travail et de ses revenus. « Nous sommes à la gare de 6h à 20h. Les recettes peuvent aller au-delà de 10.000 FCFA mais je reverse 3000 FCFA par jour au propriétaire de la moto. C’est le contrat » dit-il tout sourire. « L’avantage des motos est la rapidité et nous allons là où les taxis ne peuvent pas aller. On peut prendre jusqu’à 3 personnes en un voyage » avance-t-il, vantant les prouesses de son engin.
Au bout de quinze minutes, nous sommes à « Colatier ». Toujours à la recherche d’informations, nous nous approchons des riverains pour savoir ce qu’ils pensent des moto-taxis. Personne ne veut parler. Après avoir essuyer plusieurs refus, c’est dame K. qui accepte de nous répondre. « Je ne prends pas de moto-taxis parce que j’ai peur de ça. Mais il y’a plusieurs femmes qui prennent ces motos puisqu’elles sortent très tôt pour aller faire des achats à la gare ou à Abobo pour revenir. Les voitures refusent d’entrer dans le quartier alors que les motos le font et le quartier est très grand donc les motos sont vraiment bonnes pour ceux qui n’ont pas peur » lance-t-elle.

Avec le temps, les moto-taxis sont entrées dans le quotidien des populations, nécessité de mobilité oblige dans une grande ville comme Abidjan. « Ces moto-taxis existent il y’a longtemps parce cela fait deux (2) années que je suis dans le quartier et à mon arrivée, elles étaient déjà là » a ajouté Dame K.

Même si leur activité a été interdite, les moto-taxis continuent d’exercer à N’Dotré. Déjà, en septembre 2019, nous nous sommes rendus à la mairie d’Abobo pour en savoir plus sur ce phénomène. Malheureusement, personne n’a voulu en dire mot.

admin

Read Previous

Grand-Bassam: Assainissement et drainage

Read Next

Afrique du Sud: une mère coupe le pénis d’un homme qui aurait violé et tué sa fille de 5 ans

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *