Cinq morts dans des violences xénophobes en Afrique du Sud

« Totalement inacceptables »

Jusque-là silencieux, le président Cyril Ramaphosa a pris la parole mardi après-midi pour « condamner dans les termes les plus forts »les violences xénophobes.

« Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables, a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter. Je veux que cela cesse immédiatement. » « Il ne peut y avoir aucune justification pour qu’un Sud-Africain s’en prenne à des gens d’autres pays », a insisté le président de la « nation arc-en-ciel » rêvée par son prédécesseur et mentor Nelson Mandela, qui a convoqué une réunion ministérielle d’urgence.

L’Afrique du Sud, économie subsaharienne la plus développée du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté. Mais cette nouvelle poussée de fièvre a cette fois pris une tournure continentale.

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a dénoncé mardi des attaques « abjectes ». Le chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, s’est quant à lui dit « très inquiet » de ces violences contre les immigrés africains, notamment ceux venus de son pays, et a annoncé l’arrivée d’un « envoyé spécial » en Afrique du Sud.

Lundi, son gouvernement avait menacé de prendre des « mesures décisives » contre l’Afrique du Sud. « Les attaques perpétuelles contre les ressortissants nigérians et leurs intérêts économiques en Afrique du Sud sont inacceptables, s’était-il insurgé lundi sur Twitter. Trop c’est trop ! »




« Ils ont tout brûlé »

De nombreuses personnalités nigérianes ont appelé au « boycott total » des entreprises sud-africaines, telles que le fournisseur de programmes télévisés DSTV ou le géant des télécommunications MTN, et à renvoyer l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Nigeria.

Les violences des derniers jours ont causé une vive inquiétude dans les communautés immigrées de Johannesburg. « Ils ont tout brûlé », a témoigné mardi un commerçant originaire de Bangladesh, Kamrul Hasan, devant son commerce incendié du township d’Alexandra. « Tous les six mois, c’est la même chose. Alors pourquoi rester ici ? J’ai tout perdu. Si le gouvernement [sud-africain] paie mon billet d’avion, je rentrerai au Bangladesh », a-t-il assuré.

« Notre nation brûle et saigne », a pour sa part dénoncé le chef du principal parti d’opposition, Mmusi Maimane, à la tête de l’Alliance démocratique (DA). « Les Sud-Africains ont peur et n’ont pas d’espoir pour l’avenir (…). Nous constatons un effondrement économique et social, et les manifestations violentes, les pillages, des destructions à grande échelle (…) en sont la preuve évidente », a-t-il lancé.

admin

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